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Scottish Adventures - Mes péripéties écossaises

Un tramway nommé Désir

19 Novembre 2013, 00:19am

Publié par Adèle

 

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Depuis des années, il transforme la ville en gruyère, pompant allègrement l'argent du brave contribuable et déchaînant l'ire des malheureux Edimbourgeois. Qui ça ? Le tramway, bien sûr ! Le nouveau moyen de transport qu'on nous promet depuis des lustres a pour l'instant fait couler plus d'encre que de pétrole. En 2009, quand j'ai emménagé dans la belle capitale écossaise, un panneau annonçait déjà fièrement : "Edinburgh Trams - Coming in 2010". Ce qui était sensé apaiser le courroux des habitants durant les nombreux mois où la rue principale, rendue impraticable par les travaux, leur imposait des trajets de bus détournés et les délais qui vont avec. Mais qu'est-ce qu'un peu d'attente comparée aux bénéfices de cette nouvelle technologie, mmh ?


En 2011, les trams n'étaient toujours pas là. Non seulement cela, mais l'entreprise chargée de leur construction est venue toquer à la porte de la municipalité avec un petit air contrit :


"Heu, boss, il vous reste pas un peu de rab pour le budget ?

- Mais of course Jim, j'ai toujours 55 millions de livres sur moi. Garde la monnaie, tu t'achèteras un Carambar."


Une petite erreur d'évaluation, ça arrive à tout le monde : on se remet joyeusement à l'ouvrage, reportant la date de finalisation du projet à 2012. On n'est plus à quelques mois près... Mais un jour...


" Toc-toc !

- Ah, Jim, welcome, quel bon vent vous emmène ?

- Heu, patron, c'est-à-dire..."


Vous connaissez la suite : Jim est reparti avec son Carambar et ses millions de livres en poche, et les travaux ont repris. Avec, malgré tout, quelques petites modifications : au lieu des trois lignes prévues, il n'y en aurait qu'une, et réduite de surcroît : au lieu de relier l'aéroport à Leith, au nord de la ville, cette ligne unique s'arrêterait à St Andrew Square, au centre-ville. Comme le bus 22, ultra-fréquent et déjà en service, chuchotent les mauvaises langues. Selon le principe des vases communicants, plus le trajet raccourcit, plus le budget s'allonge, ainsi que le délai de construction. Forcément, ça fait grincer quelques dents, alors la municipalité a l'idée géniale de lancer ce slogan : "Edinburgh Trams - Worth Waiting For" ("Edinburgh Trams : Ils valent la peine d'attendre"). Bizarrement, la pilule ne passe pas très bien... Face aux railleries, le slogan est vite retiré. Oups.


Passé ce malheureux épisode, les travaux reprennent de plus belle, quoique perturbés par d'occasionnelles chamailleries entre la municipalité et l'entreprise chargée des travaux. Puis un beau jour, victoire ! Princes Street, la rue principale, enfin débarrassée des travaux qui la balafraient, a retrouvé sa sérénité. Les bus reprennent leur trajet habituel et la circulation s'apaise en même temps que la frustration des riverains. Dans les bureaux de la municipalité, on commence à desserrer les cravates. Jusqu'au jour où...


"B'jour, patron.

- Jim...

- Heu, patron, les rails qu'on avait posés l'an dernier...

- Oui ?

- Heu, ben, ils sont, comment dire, déformés...

- Déformés ?

- Ben oui, patron, on n'avait pas prévu que les voitures passent dessus."


Rebelote : il faut tout refaire.  Princes Street est de nouveau condamnée à être fermée, tronçon par tronçon, pendant des mois durant. La municipalité est prête à manger son chapeau, tandis que les malheureux usagers doivent, bon gré mal gré, subir les diversions de bus. Et le plus ironique ? Jusque dans les années 50, le tramway existait déjà à Edimbourg, avant d'être arrêté au profit des bus. C'est ballot.


Toujours est-il qu'après maints reports de délai, maintes plates excuses et frictions en tout jour, le fameux tramway devrait être fin prêt pour mai 2014, et cette fois, c'est juré craché. Il paraîtrait même que certains ont déjà vu les premiers trams-tests en action... Ose-t-on encore y croire ?... Edinburgh Trams, c'est un peu comme le Père Noël : toujours insaisissable dans sa livrée rouge et blanc, au point qu'on se demande si tout cela n'est pas une grande farce orchestrée pour nous tenir bien sages. Mais à l'approche des fêtes, on se prend à rêver...

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B
ça m'rappelle la ligne 4 du métro de Budapest, tiens...
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N
J'allais dire : c'est rassurant de voir que ce genre de gabegie n'est pas typiquement française, mais en fait, c'est juste triste de voir que c'est humain!
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S
La magie de Noel annonce une naissance miraculeuse pour les fêtes de Pacques ?<br /> Hmm moui, il est légitime de se demander ce qui se Tram là dessous !
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N
et on prendra le tram 33 pour aller manger des deep fried mars bars chez Eugène Mac Leod?
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