Les Experts : Edimbourg
Leçon n°1 : Comment passer de vie à trépas
Voilà ce qui arrive quand on regarde trop la télé. Vous passez des heures glué devant l’écran à suivre les exploits de Temperance Brennan en train de faire parler les morts dans la série Bones et voilà qu’un jour, sans crier gare, vous vous retrouvez en train de suivre un cours du soir intitulé "Introduction à la médecine criminelle". Si si.
Jeudi soir marque le premier d’une série de dix cours et on commence par les basiques. On distingue officiellement cinq catégories de mort : accidentelle, naturelle, homicide, suicide, indéterminée. Saviez-vous qu’il existe un catalogue international répertoriant toutes les façons possibles de passer l’arme à gauche ? Si vous cassez votre pipe en vous étalant d‘un escalier, vous écoperez d’un code bien précis ; en revanche, si c’est la chute d’un arbre qui vous a coûté la vie, pour vous, ce sera encore autre chose. Le code international de classification CIM-10, lui, consigne toutes les maladies possibles et imaginables (et ça donne pas envie) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_codes_CIM-10
Bien sûr, ce qui nous intéressera surtout dans ce cours, ce sont les morts d’origine criminelle. Chez nous, à Edimbourg, la vie est plutôt calme. Il est rare qu’un truand vous attende au coin de la rue, armé jusqu’aux dents. En revanche, à Glasgow, pour 20% de population en plus, le taux de crime passe du simple au double. Bon à savoir.
La prof nous prévient tout de suite que la vraie vie d’un médecin légiste, ce n’est pas ce qu’on voit dans Les Experts. J’observe déjà quelques regards dépités dans la salle. Je suis fortement tentée de lui demander son opinion éclairée sur la représentation du métier dans Bones, mais je me retiens. On attendra la leçon sur la médecine anthropologique, dans quelques semaines. En attendant, je me rabats sur un numéro de la revue scientifique de la BBC qui analyse les méthodes de Sherlock dans la série du même nom et tente de déterminer si, oui ou non, celles-ci seraient applicables dans la réalité (et comme je n’ai pas encore lu l’article, vous attendrez la semaine prochaine pour connaître la réponse).
Et puisqu’on n’arrête pas le progrès, les heureux possesseurs d'Iphone peuvent maintenant jouer aux détectives en herbe grâce à l'application "Shadow". C’est bien simple : vous prenez un cadavre, vous rentrez les données adéquates dans votre gadget dernier cri (cause de la mort, tranche d'âge de la victime, température du corps, température ambiante, environnement, vêtements etc.) et hop, "Shadow" vous donne l’heure de la mort, à une fourchette près. Pratique, non ? À noter que cette application est plus qu’un simple joujou, puisqu’elle reprend réellement les calculs habituellement effectués par les médecins légistes en paramétrant l’ensemble des données disponibles. Calculs fort complexes à la base si l’on en croit la prof, forte de quinze ans d’expérience de terrain. Les miracles de la technologie !
Enfin, si vous trouvez un macchabée lors d’une promenade dominicale le long de la mer, ne faites pas comme ces jeunes qui ont joué au football avec le crâne avant d’appeler la police : franchement. Ça donne du fil à retordre aux enquêteurs.